Le 26 mai 2020 à 6 heures du matin, le poste de gendarmerie de Diawara a reçu un appel téléphone du sous-préfet de Moudéry qui informait de la présence au poste de santé de Moudéry d’un corps sans vie. Lui même avait été saisi par l’Infirmier Chef de Poste (ICP). Les gendarmes se sont allés à ladite structure pour constater sur le corps des traces de blessures.
Les premiers renseignements recueillis faisaient croire que la victime, une domestique malienne, avait accidentellement heurté un poteau électrique.
Plus tard dans la journée, les gendarmes reçurent une information anonyme qui donna une nouvelle tournure à l’enquête. La personne leur dit que la victime avait eu une altercation avec son petit-ami nommé Dramane Coulibaly dit Diabé.
Le certificat de genre de mort établi, le lendemain du décès, par le docteur Doudou Diallo, médecin-chef du district sanitaire de Bakel, constatait des hématomes multiples au niveau du visage et de l’abdomen, des lésions cutanées avec hémorragie externe. L’homme de l’art concluait à un décès causé par une agression physique.
Mariama Damba, entendue comme témoin, déclarait que le jour de l’incident, vers 23 heures, elle avait accompagné la victime Mariama Coulibaly acheter du lait pour son enfant. Sur le chemin du retour, le prévenu Dramane Coulibaly avait surgi de la pénombre, avant de faucher sa copine. Celle-ci a voulu s’échapper, mais, Diabé l’avait saisie par les tresses, avant de la rouer de coups. Ensuite, il était parti laissant la victime inerte au sol, pendant qu’elle appelait au secours.
Un autre témoin, Bréma Karabenta, a indiqué avoir été ameuté par les cris. Lorsqu’il est arrivé sur les lieux, il avait trouvé la victime gisant au sol, entourée par des filles. Il l’avait ainsi portée pour l’amener dans sa chambre.
L’accusé, interrogé une première fois, avait soutenu que le décès était accidentel. Il avait déclaré qu’ils se taquinaient. Puis, sa petite amie, en voulant s’enfuir, avait heurté un poteau électrique. Mis en confrontation avec le témoin Mariama Damba, il avait maintenu ses déclarations, prétendant qu’il n’avait pas l’intention de la tuer. Mais, interrogé une seconde fois, Diabé avait finalement reconnu avoir donné des coups à la demoiselle.
Interrogé sur les raisons de la bastonnade, il avait laissé entendre que, comme souvent, sa copine était sortie la nuit, laissant leur fille, âgée de moins de 2 ans, seule dans la chambre. Parti à sa recherche, il avait entendu sa voix au loin. Il s’était caché derrière un mur, guettant son arrivée. Lorsqu’elle fut à son hauteur, il avait surgi, pour la faucher. Lorsqu’elle s’était relevée, il lui avait donné des coups de poing, avant de la laisser par terre et de rentrer chez lui.
Devant le magistrat instructeur, Dramane Coulibaly a, une nouvelle fois, réitéré qu’il ne voulait pas donner la mort à Mariama, même s’il reconnait lui avoir asséné des coups. Il ajoutait que, quand la fille s’est affalée, il l’a relevée, mais, elle était tombée à nouveau. Que c’est son ami Oumar Coulibaly qui l’avait aidé à transporter la victime dans sa chambre.
Mariama Damba a, elle, confirmé ses déclarations de l’enquête préliminaire et précisé qu’elle a essayé d’intervenir, mais,que l’inculpé avait menacé de les tuer toutes les deux, si elle ne s’écartait pas. Elle a ajouté que la victime n’avait pas crié, parce que Diabé avait menacé de la tuer, si elle ameutait les gens.
Devant la barre de la chambre criminelle, Sophiétou Coulibaly, la sœur de la victime, a indiqué que le petit-ami de sa frangine avait, souvent, un comportement violent. Que, plus d’une fois, il avait proféré des menaces de mort contre sa sœur. Diabé a, lui, reconnu avoir menti, lors de son premier interrogatoire devant les enquêteurs, sur les circonstances du décès. Il a confessé avoir frappé la fille, sous le coup de la colère.
Mais, s’est-il dépêché de préciser, il n’avait aucune intention de donner la mort à la maman de sa fille, qu’il comptait d’ailleurs épouser.
Le parquet a requis une peine de 15 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire. Son représentant a fondé ce réquisitoire sur le sentiment de jalousie qui animait Dramane. À ses yeux, celle-ci a entrainé la colère du prévenu qui est passé à l’acte. Il a pointé la violence et la multitude des coups assénés à la victime.
Mais, la défense a réfuté la thèse de la jalousie et du comportement violent. Selon elle, aucun élément matériel ne permet de prouver ces derniers. Néanmoins, elle reconnait que le prévenu est agi sous le coup de la colère, mais, précise qu’il n’avait aucune intention de tuer la victime. Ainsi, elle a demandé à la chambre de disqualifier les fait de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Et a plaidé, également, des circonstances atténuantes en faveur de l’accusé.
Le juge a renvoyé le délibéré à la date du 23 décembre 2021.
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